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dominique venner - Page 23

  • Différents et pourtant si proches...

    Nous reproduisons ci-dessous l'éditorial de Dominique Venner publié dans le dernier numéro la Nouvelle Revue d'Histoire, actuellement en kiosque, et consacré à la Prusse.

    Dominique venner, prusse, france, europe, spengler, socialisme prussien, de gaulle

    Prussiens et Français. Différents et pourtant si proches...
     
    Français et Prussiens, un couple moins improbable qu’on ne le croit… Pour preuve en 1784, l’Académie de Berlin institua un prix pour récompenser la meilleure réponse à une curieuse question : « À quoi faut-il attribuer l’universalité de la langue française ? » Antoine de Rivarol obtint le prix. Le travail pour lequel il avait concouru lui valut également une flatteuse épître de Frédéric le Grand. Ce dernier parlait et écrivait le français beaucoup mieux que l’allemand, langue qu’il réservait, disait-il, à ses chevaux. Retenons  que, cinq ans avant la Révolution française, la Prusse, en la personne de son monarque et de ses meilleurs esprits, voyait dans la France comme une sœur aînée. Cette sympathie admirative fut écornée par les conquêtes napoléoniennes, sans cesser vraiment, au moins dans la partie éclairée des deux nations. Pendant une grande partie du XIXe siècle, l’Université française regarda avec admiration sa sœur prussienne. On sait ce que fut l’influence prolongée de Kant, Hegel, Schopenhauer, et plus tard Nietzsche ou Heidegger. Il fallut la catastrophe de 1870-1871 pour que l’ancienne amitié fût brisée. Renan l’a dit mieux que personne : « La guerre entre la France et l’Allemagne est le plus grand malheur qui puisse arriver à la civilisation. L’harmonie intellectuelle, morale et politique de l’humanité est rompue. » En ce temps-là, comme à l’époque antique, on confondait volontiers l’humanité et l’Europe. À cette réserve près, c’était bien vu.

    Il faut rendre grâce au général de Gaulle, longtemps hanté par l’idée de la Revanche propre à sa génération, d’avoir compris sur le tard que « l’essentiel, c’est que les deux peuples [les Français et les Allemands], dans leurs profondeurs, exorcisent les démons du passé ; qu’ils comprennent maintenant qu’ils doivent s’unir pour toujours. […] Les Français et les Allemands doivent devenir des frères » (1).

    Certes, le général de Gaulle ne parlait pas des Prussiens, mais des Allemands. Cependant, aux yeux des Français, les Prussiens, ont souvent fait figure d’une sorte de condensé d’Allemands, ce qui était flatteur avant 1870.

    Au XVIIIe siècle, la Prusse du Grand Frédéric apparaissait déjà comme l’État le plus moderne d’Europe. Plus tard, on a pu dire que cet État était sorti de l’Ancien Régime sans passer par la Révolution. Il représentait un modèle longuement commenté par Renan dans sa « Réforme intellectuelle et morale de la France » écrite au lendemain de 1870 pour conjurer les tares et défauts ayant conduit à notre défaite. Au risque d’anachronisme, on serait presque tenté de dire que l’essai de Renan anticipait sur les travers et carences ayant également produit la défaite de 1940 (2).

    La Prusse s’était construite sur un peuple d’élite issu de toutes les régions allemandes et aussi de la France huguenote. Mais au-delà, elle avait été forgée par un style et des principes s’apparentant au stoïcisme. Au temps du Grand Frédéric, elle apparaissait comme un État où les grandes contradictions de monde moderne avaient pu se résoudre. La liberté de l’esprit ne s’y opposait pas à la discipline, la volonté historique n’avait pas été rongée par l’esprit de tolérance, la conscience nationale s’accordait avec le patriotisme monarchique. On ne peut ignorer non plus qu’avant 1932 la Prusse fut un môle de résistance au mouvement hitlérien. C’est elle encore qui a fourni le plus gros contingent de la conjuration du 20 juillet 1944. Non par préjugés aristocratiques, comme on l’a souvent dit, mais au nom d’une autre idée de l’Allemagne, peut-être utopique, accordée au « socialisme prussien » théorisé par Spengler, autoritaire, non libéral et fermé au grégarisme de masse. Et cette idée exigeante avait sans doute moins le pouvoir de nourrir un projet politique qu’une éthique personnelle. Mais, comme on le sait, c’est l’éducation intérieure des consciences qui peut conduire à une réforme de la société plutôt que l’inverse.

     Dominique Venner (Site de Dominique Venner, 3 juillet 2012)

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  • La Prusse et la France...

    La Nouvelle Revue d'Histoire est en kiosque (n° 61, juillet - août 2012).

    Le dossier central est consacré à la Prusse. On peut y lire, notamment,  des articles de  Jean-François Gautier ("La Prusse à l'école de la France" ; "La musique entre Paris et Berlin"), d'Henry Bogdan ("Des Teutoniques à la Prusse"), de Jean-Paul Bled ("La Prusse après Iena : un prodigieux redressement"), de Thierry Buron ("Du patriotisme prussien au nationalisme allemand") et de Dominique Venner ("L'éternel mystère prussien"), ainsi qu'un entretien avec l'historien allemand Sven Externbrink.

    Hors dossier, on pourra lire, en particulier, un entretien avec l'historien militaire Henry de Wailly et des articles de Annie Laurent ("La crise syrienne : ses causes historiques"), de Laurent Dartez ("Onfray entre Sartre et Camus") et de Philippe Conrad ("Les grandes étapes de la Reconquista") ainsi que la chronique de Péroncel-Hugoz.

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  • Dominique Venner et les souverainistes...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Dominique Venner, cueilli sur son site et consacré aux rapports entre Etat, souveraineté et identité.Un texte qui devrait faire débat...

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    Lettre sur l'identité à mes amis souverainistes

    Quand on appartient à une nation associée à Saint Louis, Philippe le Bel, Richelieu, Louis XIV ou Napoléon, un pays qui, à la fin du XVIIe siècle, était appelé « la grande nation » (la plus peuplée et la plus redoutable), il est cruel d’encaisser les reculs historiques répétés depuis les lendemains de Waterloo, 1870, 1940 et encore 1962, fin ignominieuse de la souveraineté française en Algérie. Une certaine fierté souffre nécessairement.

    Dès les années 1930, beaucoup d’esprits français parmi les plus audacieux avaient imaginé trouver dans une Europe à venir en entente avec l’Allemagne, un substitut à cet affaiblissement constant de la France. Après la catastrophe que fut la Seconde Guerre mondiale (qui amplifiait celle de 14-18), naquit un projet légitime en soi. Il fallait interdire à tout jamais une nouvelle saignée mortelle entre Français et Allemands. L’idée était de lier ensemble les deux grands peuples frères de l’ancien Empire carolingien. D’abord par une association économique (la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier), puis par une association politique. Le général de Gaulle voulut concrétiser ce projet par le Traité de l’Elysée (22 janvier 1963), que les Etats-Unis, dans leur hostilité, firent capoter en exerçant des pressions sur la République fédérale allemande.

    Ensuite, on est entré dans les dérives technocratiques et mondialistes qui ont conduit à l’usine à gaz appelée “Union européenne”. En pratique, celle-ci est la négation absolue de son appellation. La pseudo “Union européenne” est devenue le pire obstacle à une véritable entente politique européenne respectueuse des particularités des peuples de l’ancien Empire carolingien. L’Europe, il faut le rappeler, c’est d’abord une unité de civilisation multimillénaire depuis Homère, mais c’est aussi un espace potentiel de puissance  et une espérance pour un avenir qui reste à édifier.

    Pourquoi une espérance de puissance ? Parce qu’aucune des nations européennes d’aujourd’hui, ni la France, ni l’Allemagne, ni l’Italie, malgré des apparences bravaches, ne sont plus des États souverains.

    Il y a trois attributs principaux de la souveraineté :

    1er attribut : la capacité de faire la guerre et de conclure la paix. Les USA, la Russie, Israël ou la Chine le peuvent. Pas la France. C’est fini pour elle depuis la fin de la guerre d’Algérie (1962), en dépit des efforts du général de Gaulle et de la force de frappe qui ne sera jamais utilisée par la France de son propre chef (sauf si les Etats-Unis ont disparu, ce qui est peu prévisible). Autre façon de poser la question : pour qui donc meurent les soldats français tués en Afghanistan ? Certainement pas pour la France qui n’a rien à faire là-bas, mais pour les Etats-Unis. Nous sommes les supplétifs des USA. Comme l’Allemagne et l’Italie, la France n’est qu’un État vassal de la grande puissance suzeraine atlantique. Il vaut mieux le savoir pour retrouver notre fierté autrement.

    2ème attribut de la souveraineté : la maîtrise du territoire et de la population. Pouvoir distinguer entre les vrais nationaux et les autres… On connaît la réalité : c’est l’État français qui, par sa politique, ses lois, ses tribunaux, a organisé le « grand remplacement » des populations, nous imposant la préférence immigrée et islamique avec 8 millions d’Arabo-musulmans (en attendant les autres) porteurs d’une autre histoire, d’une autre civilisation et d’un autre avenir (la charia).

    3ème attribut le la souveraineté : la monnaie. On sait ce qu’il en est.

    Conclusion déchirante : la France, comme État, n’est plus souveraine et n’a plus de destin propre. C’est la conséquence des catastrophes du siècle de 1914 (le XXe siècle) et du grand recul de toute l’Europe et des Européens.

    Mais il y a un « mais » : si la France n’existe plus comme État souverain, le peuple français et la nation existent encore, malgré tous les efforts destinés à les dissoudre en individus déracinés ! C’est le grand paradoxe déstabilisateur pour un esprit français. On nous a toujours appris à confondre l’identité et la souveraineté en enseignant que la nation est une création de l’État, ce qui, pour les Français, est historiquement faux.

    C’est pour moi un très ancien sujet de réflexion que j’avais résumé naguère dans une tribune libre publiée dans Le Figaro du 1er février 1999 sous le titre : « La souveraineté n’est pas l’identité ». Je le mettrai en ligne un jour prochain à titre documentaire.

    Non, la souveraineté de l’État ne se confond pas avec l’identité nationale. En France, de par sa tradition universaliste et centraliste, l’Etat fut depuis plusieurs siècles l’ennemi de la nation charnelle et de ses communautés constitutives. L’État a toujours été l’acteur acharné du déracinement des Français et de leur transformation en Hexagonaux interchangeables. Il a toujours été l’acteur des ruptures dans la tradition nationale. Voyez la fête du 14 juillet : elle célèbre une répugnante émeute et non un souvenir grandiose d’unité. Voyez le ridicule emblème de la République française : une Marianne de plâtre coiffée d’un bonnet révolutionnaire. Voyez les affreux logos qui ont été imposés pour remplacer les armoiries des régions traditionnelles. Souvenez-vous qu’en 1962, l’État a utilisé toute sa force contre les Français d’Algérie abandonnés à leur malheur. De même, aujourd’hui, il n’est pas difficile de voir que l’État pratique la préférence immigrée (constructions de mosquées, légalisation de la viande hallal) au détriment des indigènes.

    Il n’y a rien de nouveau dans cette hargne de l’État contre la nation vivante. La République jacobine n’a fait que suivre l’exemple des Bourbons, ce que Tocqueville a bien montré dans L’Ancien Régime et la Révolution avant Taine et d’autres historiens. Nos manuels scolaires nous ont inculqué une admiration béate pour la façon dont les Bourbons ont écrasé la « féodalité », c’est-à-dire la noblesse et les communautés qu’elle représentait. Politique vraiment géniale ! En étranglant la noblesse et les communautés enracinées, cette dynastie détruisait le fondement de l’ancienne monarchie. Ainsi, à la fin du XVIIIe siècle, la Révolution individualiste (droits de l’homme) triomphait en France alors qu’elle échouait partout ailleurs en Europe grâce à une féodalité et à des communautés restées vigoureuses. Relisez ce qu’en dit Renan dans sa Réforme intellectuelle et morale de la France (disponible en poche et sur Kindle). La réalité, c’est qu’en France l’État n’est pas le défenseur de la nation. C’est une machine de pouvoir qui a sa logique propre, passant volontiers au service des ennemis de la nation et devenant l’un des principaux agents de déconstruction identitaire.

     Dominique Venner (site de Dominique Venner, 26 juin 2012)

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  • Réfléchir un peu...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Dominique Venner, cueilli sur son site et consacré à l'analyse du mouvement de fond identitaire que semble révéler les élections de ces deux derniers mois...

     

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    Lendemains d'élection - Réfléchir un peu

    Il n’est pas dans mes habitudes de commenter des élections. Celles qui se sont déroulées en France depuis la présidentielle de mai 2012 présentent cependant une vraie nouveauté. On peut définir celle-ci comme la manifestation d’une conscience accrue du problème n°1 de notre temps : le « remplacement » des populations de souche par l’immigration de masse arabo-musulmane. Les images des drapeaux africains et maghrébins agités place de la Bastille le soir du 6 mai 2012 pour saluer la victoire du candidat socialiste, ont rappelé les images, dix ans auparavant, de la réélection de Chirac après son duel inégal avec un Le Pen diabolisé comme jamais.

    Les conditions sont toutefois très différentes. La personnalité moderne et « apaisante » de Marine Le Pen n’a pas favorisé la même mobilisation contre son mouvement après son score très honorable de 17,9 % des voix au premier tour de l’élection présidentielle du 10 juin. Avec 6,4 millions de voix lors de ce scrutin, le FN se pose comme le troisième parti de France. Une loi électorale cousue sur mesure pour maintenir les oligarchies en place interdit une nouvelle fois que les 6,4 millions d’électeurs du FN soient représentés à l’Assemblée nationale, sinon par deux élus, contre des centaines pour les partis oligarchistes : UMP et socialistes (associés au Front d’extrême gauche).

    Ce qui se passe en France n’est pas spécifique à ce pays. C’est un phénomène européen. Cependant, comme je l’ai déjà souligné, les mouvements identitaires européens sont victime d’une « maladie infantile » que je qualifie de chauvine. Agissant en ordre dispersé, sans liens ni concertation, ils sont pour le moment incapables d’imaginer des initiatives face à un adversaire commun. Cela ne signifie par qu’il en sera toujours ainsi. Dans tous les mouvements concernés, les militants les plus réfléchis songent à la nécessité de convergences. Partout en Europe des partis analogues au FN, rejetant le racisme et l’antisémitisme, font de la préservation de l’identité des peuples européens leur raison d’être. Citons entre autres le Parti du peuple danois, le Parti de la liberté néerlandais, le FPÖ et le BSÖ autrichiens, les Vrais Finlandais, Le Parti du progrès norvégien, le Vlaams Belang flamand, l’English Defense League, le Fidesz au pouvoir en Hongrie, Droit et Justice en Pologne, Ataka en Bulgarie, la Ligue du Nord en Italie, les Démocrates en Suède ou l’Union démocratique (UDC) du centre en Suisse. Tous ces partis dépassent 5 % des voix et atteignent parfois 25 % ou plus, en dépit de l’hostilité active des médias qui constituent le « clergé séculier » du Marché, relayé par son « clergé régulier » (prof des universités et des écoles), sans compter le vieux clergé des Eglises traditionnelles chargé d’apporter la dimension compassionnelle et paralysante qui est sa spécialité.

    Dans Le Monde du 14 juin 2012, pages Débats, une politologue (Virginie Martin) et un sociologue (Pierre Lénel), après avoir noté l’étonnante permanence du votre FN, malgré son exclusion électorale, en tiraient une conclusion pertinente qui doit être relevée. Ces deux chercheurs estiment en effet qu’il faut réviser l’interprétation habituelle du vote FN comme simplement « protestataire ». Sa permanence dans le temps exige plutôt d’y voir un véritable « vote d’adhésion ». Adhésion à quoi ?

    Usant d’un vocabulaire prudent, les deux chercheurs proposent de rechercher un dénominateur commun à tous ceux (nantis ou démunis, jeunes ou plus âgés, urbains ou ruraux, qui ont accordés leurs suffrages à Marine Le Pen à l’élection présidentielle du 10 juin. Ce dénominateur commun c’est, disent-ils, un « trouble civilisationnel », expression juste et modérée.

    « Ce trouble, écrivent-ils dans leur jargon, met en avant une lecture du monde qui révèle une hostilité au pluralisme culturel sur le plan intérieur et le refus du multiculturalisme sur le plan international ». En clair, il révèle une forte inquiétude identitaire, face à des menaces toujours plus évidentes.

    Les deux chercheurs poursuivent en estimant que le « trouble » se cristallise plus particulièrement autour de quatre points. « La nationalité en constitue le premier marqueur : les Français d’origine immigrée ne sont pas vus comme « légitimes », leur nationalité serait usurpée. Cette illégitimité vient s’appuyer sur la question culturelle et bien souvent cultuelle (islam). C’est le deuxième élément : une relation négative s’instaure entre signes de métissage et identité française. « Nous » s’oppose à « eux », la différence trouve là son expression la plus criante : « eux » ont une autre histoire que celle qui « nous » constituerait de tout temps. »

    Ce trouble, ajoutent les auteurs, est un élément nouveau par rapport à leurs enquêtes de la fin des années 1990. Il est relié, disent-ils, aux événements de la scène internationale : le monde arabo-musulman apparaît désormais comme dangereux… « Et c’est bien souvent à cette question que la question sécuritaire est réinterprétée… Tous ces éléments se confondent dans la figure de l’immigré, présence ici de cet ailleurs arabo-musulman qui apparaît comme diabolique ».

    « Enfin, poursuivent les deux chercheurs, l’élément le plus prégnant est celui du sentiment d’un rapport de forces devenu défavorable entre les Français d’origine maghrébine et les Français « de souche » : l’idée d’un effet de nombre produit un sentiment de colonisation inversé ».

    Rarement les faits ont été observés avec autant de pertinence dans cet organe central de l’oligarchie mondialiste qu’est Le Monde. Au passage, on ne peut négliger un fait anecdotique et cependant gros de symbole : l’un des deux élus du FN à ce deuxième tour du 17 juin 2012 est la propre petite-fille du fondateur, la toute jeune Marion Maréchal-Le Pen, 22 ans, qui a conquis le siège de Carpentras (Vaucluse), ville qui avait été le prétexte d’une opération géante de diabolisation du FN en 1990 par l’instrumentalisation d’un fait divers : la profanation d’une tombe par des loubards (sans lien avec le FN) dans le cimetière juif de la ville. La plus jeune députée de toute l’histoire de la Ve République accorde aux siens une revanche inattendue.

    Sans doute peut-on penser que la conscience identitaire est lente à s’éveiller. Mais il faut se souvenir de quel chaos historique et intellectuel elle a surgi, sans compter les obstacles immenses qui lui sont opposés. C’est donc son affirmation qui surprend et non une ampleur jugée encore insuffisante.

    Dominique Venner (Site de Dominique Venner, 19 juin 2012)

     

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  • Histoire d'une terre tragique...

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    Le quatrième numéro hors-série de La Nouvelle Revue d'Histoire est en kiosque. Il est consacré exclusivement à l'Algérie. On y trouve notamment, outre un entretien avec Bernard Lugan ("Au commencement étaient les Berbères"), des articles de Christian Brosio ("Français d'Algérie : une histoire ignorée") de Dominique Venner ("Des motifs de fierté", "Alger 1942-1945 - Genèse de la guerre"), de Charles Vaugeois ("1954-1962 : une guerre sans nom"), de Bruno de Cessole ("Quand Lartéguy inventait les Centurions"), de Raymond Muelle ("La gangrène des «porteurs de valises»"), de Jean Monneret ("Des accords d'Evian aux massacres d'Oran"), de Péroncel-Hugoz ("Algérie 1962-2012 : l'indépendance confisquée") ou encore de Philippe Conrad ("La naissance du nationalisme algérien")... 

     

     

     

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  • Une maladie infantile du populisme ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Dominique Venner, cueilli sur son blog et consacré aux bons résultats de la candidate populiste aux élections présidentielles, des résultats basés cependant sur un refus parfois un peu sommaire de l'idée d'Europe...

     

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    Les maladies infantiles du populisme

    Les deux tours de l’élection présidentielle de mai 2012 m’incitent à des réflexions nullement électoralistes ni politiciennes. Quelque chose d’important est survenu, qui était peu prévisible et que je vais résumer en deux remarques principales.

    En dépit d’effets d’annonce peu discrets n’engageant que ceux qui voulaient y croire, le président sortant a raté sa tentative de « siphonner » l’électorat frontiste qui lui avait tant bénéficié en 1997. Oublions le candidat socialiste désigné en raison de son profil terne et rassurant après la mise à l’écart du richissime couple Sinclair-DSK pour cause de scandales publics répétés. Oublions aussi Jean-Luc Mélanchon qui n’a pas dépassé le total habituel des candidats d’extrême gauche, PC inclus. Reste la nouveauté de cette campagne, le Front national, entièrement rajeuni et dynamisé par la personnalité de sa présidente. A la faveur de qualités propres et d’un parcours difficile et tenace, Marine Le Pen a pu se faire entendre par la France qui souffre, représentant un réel espoir. Ses 18% de suffrages au premier tour constituent un succès d’autant plus évident qu’ils s’accompagnent d’un renouvellement important de l’électorat. Avec Marine Le Pen, le Front a changé de physionomie. Il a perdu l’image ringarde et agressive qui était la sienne pour s’afficher « moderne » sur les questions de société (contraception, avortement) et ferme sur la question de l’immigration. Les erreurs de la campagne de 2007 (présence d’une beurette) alors que Sarkozy brandissait un karcher symbolique ont, semble-t-il, été comprises. Le Front national est redevenu le grand rassemblement identitaire des Français souvent très jeunes qui refusent l’immigration.

    Mais je ne prends pas la plume pour entretenir mes lecteurs d’évidences que l’on peut trouver ailleurs. Je voudrais appeler tout d’abord l’attention sur certaines conséquences de la défaite du président sortant. Elle vaut condamnation de son style « marchand de cravates » et de son soutien inconditionnel aux Etats-Unis et à Israël. Cette défaite s’étend à l’ancienne majorité. Dans son désarroi, celle-ci ne pourra plus opposer au Front national l’habituel barrage électoral l’excluant des assemblées contre toute justice démocratique ; un barrage qui favorisait la reproduction des oligarchies de droite et de gauche (à supposer que ces mots aient un sens). Ce « système » avait été mis en place par le général De Gaulle pour éliminer des concurrents de droite, et assurer son pouvoir face à un parti communiste encore puissant et avec qui il entretenait une étrange complicité depuis la Résistance (été 1941), l’Epuration (mené contre des ennemis communs) et la Libération (cinq ministres communistes dans le gouvernement De Gaulle en 1945). Neutralité encore du PCF lors des événements de Mai-68 provoqué en grande partie par le soutien du pouvoir à l’intelligentsia de gauche pour lutter contre la droite « Algérie française » de l’époque. J’ai détaillé tout cela dans mon essai, De Gaulle, La grandeur ou le néant (Le Rocher, 2004) qui est plein d’enseignements pour comprendre notre temps.

    En résumé, la grande époque de la bipolarisation voulue par l’ancien gaullisme est révolue. On le doit au temps qui passe et use tout, aux fautes et au tempérament de Sarkozy, mais aussi aux qualités de Marine Le Pen, sans préjuger naturellement d’un avenir que nous ignorons.

    A ce sujet, il est nécessaire de relever une tendance inquiétante qui n’est pas le propre du Front national, mais qui semble commune à la plupart des mouvements « populistes » européens (j’entends le qualificatif populiste de façon nullement péjorative).

    Comme la plupart de ses émules européens, le Front national souffre d’une sorte de « maladie infantile », comme aurait dit Lénine pour les siens. La « maladie infantile » du populisme peut être diagnostiquée comme une méconnaissance dramatique de la réalité européenne et une tentation de repli rétrograde, dans le vieux cadre apparemment rassurant de vieilles nations sorties de l’Histoire, celui de la « France seule » (comme si nous en étions encore à Louis XIV). C’est une option difficilement soutenable dans un monde constitué d’énormes puissances et de vastes espaces en conflits, et alors que d’évidentes catastrophes pointent à l’horizon. On comprend naturellement la défiance justifiée à l’encontre des institutions actuelles de l’Union européenne qui n’ont d’européennes que le nom, et sont en réalité mondialistes dans leur idéologie et leurs desseins. Mais, sous prétexte qu’une oligarchie dénaturée a mis en place un système aberrant (plus jacobin que fédéral), faut-il rejeter en bloc toutes les perspectives européennes qui étaient justes à l’origine (interdire une nouvelle guerre fratricide entre la France et l’Allemagne et construire un ensemble géopolitique cohérent par rapport aux grands blocs mondiaux, disposant de sa propre monnaie face au dollar et au yen) ? Ne faut-il pas, au contraire, dessiner un nouveau projet mobilisateur, celui d’une nouvelle Europe carolingienne, qui entraînerait la volonté d’une refonte complète des institutions, afin que celles-ci permettent une véritable union fédérative de peuples frères et non l’instrument dictatorial d’idéologies mondialistes et d’oligarchies mafieuses ? Enfin, ne faudrait-il pas rappeler haut et fort, en préambule à tout, notre appartenance à une civilisation européenne qui nous justifie et plonge ses racines jusque dans notre antiquité commune la plus ancienne, qu’elle soit grecque, romaine, celte et germanique ?

    Dominique Venner (Blog de Dominique Venner, 8 mai 2012) 

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